La question de la rapidité du traitement est celle de notre époque. Plus vite, plus rapide, moins « coûteux » ?
La question se pose dans toutes formes de thérapies, médicales ou psychologiques, mais alors qu’il ne viendrait à l’idée de personne de penser qu’une chimiothérapie s’éternise plus que nécessaire, on met
en accusation les psychothérapies, leur durée, leur prix.
Mais quel peut être le coût d’une thérapie qui vise à libérer un sujet entravé par des symptômes depuis 20, 30 ou 50 années de vie sociale et affective ? Le psychothérapeute est à l’écoute de son patient, de son rythme, de sa capacité à évoluer et à changer sa façon d’organiser sa vision du monde. Ce processus est parfois extrêmement rapide, surtout au début du travail, mais peut parfois ralentir, au gré des inévitables résistances. Un professionnel de santé peut évaluer assez rapidement le temps nécessaire à la mise en mouvement du patient et lui en rapporter ses observations, mais il est impossible de prédire la durée d’un traitement sans avoir même procédé à un premier entretien clinique. Certains se targuent de parvenir à n’effectuer que des thérapies brèves, c’est dire s’ils se soucient du patient.
Consulter, pour soi, au sein d’un couple ou pour un enfant en difficulté est souvent un acte indispensable. En tant que clinicien, il est donc extrêmement important d’écouter la singularité de la personne qui vient consulter, puis de dégager les pourtours d’un diagnostic afin de parvenir à des résultats rapides et adaptés.
Même s’il existe des méthodes thérapeutiques parfois efficaces pouvant, dans certains cas, rapidement faire disparaître les symptômes, citons L’EMDR, les TCC, l’hypnose, la chimie… aucune ne peut se présenter comme la panacée. Le diagnostic clinique et sa qualité font qu’un patient sera efficacement traité et respecté, mais ne peut prévoir la durée de son traitement.
En tout état de cause, la disparition du symptôme ne peut à lui seul constituer un critère d’efficacité. C’est justement la formation du psychologue clinicien que d’être attentif à la souffrance dans son entièreté et non seulement à sa manifestation symptomatique. Le paradoxe du psy, et surtout du psychanalyste professionnel de santé, est qu’il ne s’agit pas seulement de faire disparaître le symptôme mais d’aider la personne à vivre sans. Et cela fait intégralement partie de sa responsabilité de clinicien que de l’aider à effectuer ce travail aussi. Il pourra ainsi parfois prendre contact avec les autres intervenants du parcours de santé, médecin traitant ou médecin psychiatre.
Les enjeux d’une bonne thérapie dépassent souvent les contingences de temps. Pousser la porte d’un psy est parfois une démarche visant à modifier son parcours, l’accès à un destin différent et une réappropriation de sa vie… « Rien de ce qui est important ne se fait rapidement »
Les résultats rapides sont toujours souhaitables et souvent effectifs dès le début de la prise en charge, mais une thérapeutique de la personne en demande de réponses et de soins ne peut se pratiquer à un autre rythme que celui qui s’impose et qui permettra de le soulager et c’est là le seul critère à retenir pour un psychologue clinicien indépendant et sérieux.
Dans ce cadre et dans le respect de ce dogme, une thérapie peut, dans certains cas, ne durer que quelques séances, voire parfois, quelques jours, surtout lorsqu’il s’agit d’une première consultation, mais vendre de la « thérapie brève« , de la thérapie « flash« , de la méthode instantanée… en lieu et place de la psychologie clinique est une façon de répondre bien maladroitement à une demande sociétale de consommation qui fait peu cas de la personne, de sa complexité et de son parcours intime.