Dois-je prendre des Antidépresseurs ?

Les consignes de la Haute Autorité de Santé sont claires : les antidépresseurs ne peuvent être administrés sans un suivi thérapeutique.

Pourtant, les médecins n’alertent pas véritablement sur les dangers de ces molécules qui peuvent affecter les fonctions cognitives ainsi que le système nerveux central. Le ralentissement psychomoteur peut avoir des conséquences très inattendues sur certains patients qui sont justement dans une recherche de remise en lien social et affectif.

On oublie très souvent que la dépression est souvent un moment passager qui peut s’imposer à juste titre lors d’un bouleversement ou d’un changement de vie. Ce ralentissement, qui peut s’avérer pénible, doit être accompagné à court ou moyen terme mais ne doit pas s’instaurer dans une ritualisation de la prise de médicament sans une véritable étude et un travail personnel visant à libérer la personne de la dépendance médicamenteuse quand c’est possible.

Si la prise de médicaments peut dans certains cas soulager la souffrance, elle ne peut être envisagée sans une prise en charge ni un questionnement profond sur la fonction ou la survenance de ces troubles dépressifs.

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Publication : Psychologues et Psychologies

Le travail sur le numérique est une porte d’accès vers l’inconscient et les mécanismes de défense.

C’est ce qui est développé dans cet article publié dans la revue Psychologues et Psychologies édité par le Syndicat National des Psychologues, faisant écho à l’ouvrage publié chez Deboeck Supérieur, Des mondes numériques au passage à l’acte.

L’article est consultable en ligne et sur abonnement.

J’ai des difficultés dans mon couple

Contrairement à l’idée reçue, le couple n’est pas l’addition de deux personnes. Il est un autre lieu, celui des fantasmes et de l’idéal, celui des illusions et des émancipations, enfin, celui du mouvement. Tous ces éléments forment un objet indépendant dont l’équilibre dépend souvent des capacités d’adaptation et du désir qui persiste au fil du temps. Je parle donc ici du désir, et non de la sexualité. Mais alors qu’est-ce que le désir ?

La plupart des personnes qui viennent me consulter attendent de mon intervention une issue à leurs difficultés au sein du couple. En réalité, ce qui se joue là n’est pas la factualité, la réalité, le quotidien de ce qui est vécu, mais bien au contraire, ce qui échappe totalement à la connaissance de ce qui forme ce couple. C’est pour cette raison qu’ils ont besoin d’un tiers et d’une compétence spécifique très différente de celle que peut prodiguer un médecin ou un coach.

Les difficultés au sein du couple ne peuvent se résumer à une somme de plaintes ou de récriminations pointant les convergences ou les divergences de points de vue ou de comportement. Les turbulences qui bousculent le couple qui semblait jusqu’alors fonctionner, ou parfaitement dysfonctionner, proviennent souvent d’une prise de conscience progressive, souvent d’une émancipation d’un membre ou des deux, d’un événement qui fera évoluer la situation, parfois à la suite d’un travail personnel chez un psychologue ou un psychanalyste.

En dépit de ce qu’on affirme être les raisons de ce choix, ce qui fait que nous choisissons un partenaire nous échappe et reste inconscient, toujours et heureusement, car elles révèlent un manque, un conflit, un besoin, qui justement, pourraient se rejouer, se retrouver ou se réparer dans le couple à travers ce puissant désir de modifier son propre destin dans la rencontre.

Pour les psychanalystes, le Désir n’est donc pas une manifestation (comme dans la sexualité), mais bien ce qui la motive, qui nous échappe, qui peut donc prendre de nombreuses formes.

Se formuler ces raisons est impossible car c’est justement ce mystère qui fonde la solidité du couple en dehors de toute dimension morale. S’il était possible de formuler ces raisons, il suffirait de remplir des fiches et de rechercher une correspondance avec une personne, or c’est ce que tentent de nous vendre les sites de rencontre, qui en tout état de cause, confondent les êtres humains que nous sommes, avec des machines mathématiques et rationnelles. Dans le cas des rencontres internet, c’est toujours la dimension qui échappe qui fonde la véritable rencontre, même lorsque deux partenaires se ressemblent à l’évidence.

C’est pour cette raison que le fonctionnement du couple relève de l’intimité des conflits intérieurs et nécessite une compétence très éloignée du jugement social, culturel ou moral de l’époque. C’est à travers ce travail avec le psychologue clinicien que la thérapie de couple permet de dénouer les impasses, et les dépasser. C’est aussi pour cette raison que ces conflits qui font souffrir le couple ne sont pas souvent accessibles aux sujets qui viennent me consulter. « Je suis avec cette femme car elle ressemble à ma mère, elle est de ma culture et de mon rang, mais en conséquence je n’éprouve pas de désir sexuel pour elle... », « je suis avec cet homme pour lequel j’éprouve une grande attirance car il me maltraite et me dénigre comme dans un modèle que je connais déjà…« , « ce compagnon me permet enfin de m’extraire de mon héritage familial…« , « …je reste avec ce partenaire car je ne peux m’avouer qu’il ne sera jamais disponible (car il est déjà marié, par exemple…), et de fait, je préfère m’en plaindre plutôt que de m’avouer que  je suis incapable de m’engager avec un homme qui serait libre…« .

Car former un couple c’est aussi pouvoir renoncer à une position pour en choisir une autre, passer de celle de « fille de sa mère », à celle de « mère de sa fille », et pour le garçon, de la position de fils, à celui de père (et prendre donc sa place)…

Le couple est donc l’apprentissage de la perte, du changement, de l’autonomie puis de la re-construction possible à travers un lien qui n’est plus filial mais choisi et donc, responsable.

Le parcours familial, personnel,  la transmission et plus encore, la dimension transgénérationnelle sont  donc au cœur de ce travail chez le psychologue, qui permet de modifier le cours de l’histoire individuelle comme celle de cette entité que l’on nomme « le couple ».

Peur de l’abandon

« De l’amour maternel dépend la réalisation de l’amour adulte« . Depuis les travaux de référence du psychiatre psychanalyste Donald Winnicott, mais aussi les études de Mélanie Klein, les rapports mère / enfant constituent un socle de la psychopathologie adulte. De ces rapports dépendent souvent l’équilibre psychique des enfants et des futurs adultes, leur crainte de l’abandon et du manque, la capacité de gérer des angoisses ou le style des rapports amoureux

Les écrits fondateurs de Donald Winnicott, héritier de Mélanie Klein, (1956) furent très vite empruntés par de nombreux psychologues et psychanalystes, tant Françoise Dolto que Serge Lebovici ou Bernard Golse. Dans l’article « L’observation des jeunes enfants dans une situation établie », tiré de « De la pédiatrie à la psychanalyse », (Payot, 1969), mais aussi dans « La capacité d’être seul », Winnicott invente de nombreux concepts particulièrement complexes dont on aura résumé bien trop vite les conséquences sociétales et comportementales. La pensée de Winnicott ne peut se résumer à des directives comportementales et les notions de « holding » et de « handling » décrivant les indispensables soins de la mère avec son bébé sous-tendent une multitude de dimensions dans lesquelles les rapports inconscients, de lien et de co-création occupent une place primordiale. De même, comme dans toute clinique et recherche étiologique de ce type, il ne s’agit pas d’une mise en accusation (de la mère), mais à l’opposé, d’un ensemble d’outils pour comprendre la souffrance de la mère, de l’enfant qu’elle fut, comprendre la nature de ce qui ne se dit pas dans cette relation mère/enfant et l’importance essentielle de ce rapport dans la construction de son enfant. Il est donc ici question d’écouter la mère, de lui donner la parole. Il y a de l’amour dans la relation mère enfant, y compris dans les pires cas de maltraitance, y compris lorsque cet amour fait naître une angoisse d’abandon et une incapacité chez l’enfant à être seul ou à calmer ses pires angoisses.

Ce que la mère pense être de l’amour, cette intense préoccupation, peut ainsi s’exprimer en un rapport destructeur dans lequel l’enfant n’a plus de place et où les angoisses inconscientes de la mère se manifestent. Winnicott parle de moments schizoïdes, périodes de dissociation… moments qui sont dirigés vers le bébé, et qui, dans le cas d’un lien « sain » permettent au nourrisson de se constituer un moi, une enveloppe psychique de bonne qualité. Ces éléments de psychopathologie occupent une grande place dans les prises en charge d’adultes. Donald Winnicott étudie le rapport à la mère dans son évolution au fil du développement du nourrisson et construit une clinique de ce moment constitutif du bon développement. L’enfant est un être en dépendance. Il ne choisit pas son environnement et doit dès les premières minutes d’existence, comprendre les mécanismes pouvant lui permettre de satisfaire ses besoins physiques et psychiques. Ce nouage est au cœur de nombreuses pathologies de l’enfance et il s’imprime de façon profonde dans les comportements des futurs adultes.

 

Ce rapport à l’enfant ne peut être analysé qu’à un niveau comportemental. Nous pourrions même affirmer que ces manifestations pathologiques « visibles » de la mère sont parfois les moins complexes à soulager. Les gestes et les soins prodigués par la mère, mais aussi parfois par le père, sont ceux guidés par le vécu inconscient des parents, leurs propres angoisses refoulées, leurs carences elles-mêmes générées par des comportements défensifs de vouloir faire « le contraire » de ce qu’ils ont eux-mêmes vécu. L’enfant est alors l’enjeu (ou le jouet) d’un investissement qui le submerge et dans lequel il n’a en réalité que peu de place. Il reçoit en héritage le miroir de ce qu’une pathologie aura préalablement imprimé sur la mère et dont elle pense pouvoir se défaire en agissant à l’opposé des carences qu’elle aura elle-même vécues. Or il n’y a là qu’une répétition, cette fois en miroir inversé, répétition qui vise la résolution d’un conflit de la mère et non de son enfant, une fois de plus seul, à l’instar de ce qu’elle aura vécu puis refoulé, et le cercle vicieux se répète…

C’est avant toute chose cette dimension inconsciente que l’enfant reçoit de son parent aidant, que Freud nommait le Nebenmensch. Ce rapport de la mère à ses propres fantasmes et angoisses est le premier héritage de l’enfant.

Madame R. vient en consultation me réclamer de l’aide avec sa fille Charlotte, 6 ans, qui « lui fait » des crises toujours plus violentes lors du coucher, et qui, en tout état de cause, conduit la mère à dormir avec son enfant dans son lit ou à côté d’elle.

Winnicott décrit le rapport à la mère comme un équilibre entre le « trop » et le « pas assez ». Un équilibre qui peut sembler évident pour la plupart des mères « suffisamment bonnes » (selon l’expression de Winnicott), beaucoup moins pour des parents toxiques, ou souffrant eux-mêmes de carences, d’angoisses, d’agressivité non métabolisée…

L’enfant doit pouvoir manifester ses besoins primaires à travers les moyens qui sont à sa disposition (cris, pleurs, et parfois énurésie ou plus tard comportements agressifs) mais, si la mère doit y répondre, elle doit aussi laisser l’enfant construire les mécanismes de fantasmatisation nécessaires à la formation de son appareil psychique. En laissant à l’enfant la place de désirer, de construire une demande, la mère contribue à l’aider à se constituer un monde intérieur et une intimité. Ce monde qui s’organise selon un schéma intrapsychique solide, permet à l’enfant de faire exister des objets internes fantasmés, objets de désirs, objets d’amour. Winnicott parle de la « mère suffisamment bonne » qui saura à la fois témoigner de sa présence et d’un lien indéfectible, et d’une absence salvatrice, permettant à l’enfant de se développer sans angoisse. C’est dans cet équilibre, que l’enfant peut s’autonomiser, sans terreur d’abandon, ni angoisse de l’absence.

Madame R. est suivie par un confrère auquel je l’ai adressée, non sans beaucoup de résistance de sa part. Après quelques mois de suivi, elle s’ouvre enfin à l’histoire de la naissance de sa fille et à la sienne. Issue d’une fratrie de 4 enfants, Madame R. est la plus jeune et sa venue dans la famille vient clôturer le désir de ses parents « d’avoir une fille ». Mais sa naissance succéda aussi au décès d’un petit frère, mort né, dont la famille s’est difficilement remise.

Dans son désir d’avoir un enfant, Madame R. aura aussi refoulé une fausse couche qui survint six mois avant la naissance de Charlotte. La douleur de cette perte venait en écho de sa propre histoire familiale, qui la fit sombrer dans une profonde dépression, jamais prise en charge. L’angoisse de perdre son second enfant eut de dramatiques conséquences sur la naissance de Charlotte. Cette angoisse inconsciente fut au centre de la naissance, et prit très vite la place des besoins primaires du nourrisson.

Madame R. ne supportait pas l’idée de laisser Charlotte, deux ans, seule. Sans se le formuler ainsi, elle n’était en rien préoccupée par l’expression de son enfant, mais gavait le nourrisson dès qu’une crainte l’envahissait. Les manifestations de l’enfant lui étaient insupportables et elle le faisait taire par tous les moyens à sa disposition dès sa naissance, devançant l’expression de la moindre plainte, apaisant ainsi ses propres angoisses très archaïques de perte. Pour la mère, dormir aux côtés de sa fille lui permit assez vite d’apaiser ses propres angoisses et de faire taire sa fille… aggravant la dépendance de cette dernière par le même mécanisme.

Dénouer ces traumatismes dans la thérapie fut une étape importante pour la dyade mère / enfant. Après quelques mois de cette double prise en charge, la petite Charlotte put enfin se coucher seule et trouver le sommeil sans encombre.

Si Winnicott nous apprend à écouter l’enfant et surtout à entendre l’enfant que fut la mère, notre formation nous permet aussi de comprendre le parcours d’adultes ayant eux-mêmes Cété objet de mères abusives ou toxiques. Cela se traduit souvent par une incapacité à être seul, et donc à vivre la relation à l’autre. Les mères pathologiques ne permettent pas à l’enfant de vivre leur condition d’enfant. Ces enfants sont très vite des adultes, ou de faux adultes (faux-self), auxquels on aura demandé d’occuper une place inappropriée afin d’apaiser les angoisses de parents carentiels, eux-mêmes dans l’incapacité à occuper leur place d’adulte. Le cycle se reproduit ainsi dans de vaines tentatives de réparations, ou se manifeste parfois dans le corps en une difficulté à procréer. C’est souvent ce qui se produit dans des situations matures de responsabilité. Il est commun, pour des cliniciens thérapeutes aguerris, de  pouvoir permettre à une femme de s’autoriser enfin à mettre au monde un enfant, après un véritable travail de dénouage… Mais le travail de l’inconscient à travers les méthodes thérapiques permet de s’extraire de ces répétitions et de briser ce cercle pathologique. Les parents soucieux de la santé de leurs enfants ont parfois le courage de s’y atteler.

En son temps, R. DIATKINE (1994) avait pu dire que pour que l’enfant soit, un jour, capable de symboliser (de se représenter) la mère absente, il fallait qu’il ait, d’abord, bénéficié d’une grande quantité, et d’une grande qualité, de présence maternelle, ce qui sous-entendait que la mère voit donc son statut passer de celui d’objet contenant à celui d’un objet contenu, mais d’un objet contenu exerçant peu à peu, grâce à son intériorisation progressive par l’enfant, sa fonction contenante à partir de l’intérieur même de la psyché de l’enfant.

De la symbolisation primaire à la symbolisation secondaire. Bernard Golse

Winnicott, D.W., (1958). « La capacité d’être seul ». In De la pédiatrie à la psychanalyse. Paris : Payot, 1969, 205-213

Françoise Dolto sur France Culture

L’arbre de vie : Eléments de la psychopathologie du bébé

Identification primaire et imago maternelle par Gregorio Kohon, sur le site  CAIRN

Cabinet de consultation

Dr.  A l e x i s  R i m b a u d
Psychologue Clinicien Diplômé de l’Université Paris Cité
Docteur en psychologie
Psychothérapeute
Psychanalyste
Professionnel de santé D.E. inscrit ADELI auprès de l’Agence Régionale de Santé

L’article 52 de la loi n° 2004-806 du 9 août 2004 modifiée relative à la politique de santé publique réglemente l’usage du titre de psychothérapeute et impose l’inscription des professionnels au registre national des psychothérapeutes.

6 rue du Dr GOUJON – 75012 PARIS
Sur rendez-vous uniquement au 01 86 95 35 73
du Lundi au Vendredi 08:30 – 20:30
Samedi – Dimanche 09:00 – 14:00

   

Ouvrages :  (vient de paraitre) DUNODDeboeck SupérieurDALLOZ

Alexis Rimbaud est membre de l’association PSYTECH, Association pour la formation et la diffusion de la psychologie dans le domaine des nouvelles technologies de l’éducation, du droit et du champ social. Membre du SNP, Syndicat National des Psychologues.

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