Les enfants et les écrans, addiction et traitement

Pour un psychologue clinicien, le rapport aux écrans, des enfants, mais aussi des adultes, n’est pas un trouble mais un sujet qui mérite une mise en perspective thérapeutique. Contrairement à ce que les média ou certains psychiatres  défendent comme une chanson, la situation est bien plus complexe qu’une simple gestion ou une régulation de l’accès. Interdire ou autoriser n’est pas toujours possible. Les enfants comme les adultes sombrent souvent dans des angoisses profondes, sérieuses, ou des effondrements impossible à endiguer. Les écrans sont partout, ils accompagnent aujourd’hui l’entièreté de nos rapports  sociaux, de la carte d’identité à la rencontre amoureuse, des transports à l’éducation, ils s’intègrent comme de nouveaux intermédiaires et surtout, supportent les angoisses et les désirs de nos sociétés. Il est donc nécessaire de convoquer une psychologie clinique adaptée trés spécifique qui exige une maitrise des fonctions de l’objet « écran » pour le patient, enfant, ado ou adulte.

Il ne se passe pas une semaine sans que des parents souhaitent consulter pour ce qu’ils nomment « une addiction » aux écrans. Ce vocabulaire comportemental qui tente de relier de façon arbitraire les activités écraniques à des troubles, ne permet en rien la thérapie. Contrairement à une idée reçue, l’attachement entre l’écran et le sujet n’est pas nouveau, il remonte même au paléolithique.  Quelles formidables tablettes que sont les grottes de Lascaux… tablettes déjà « digitales », avec ces mains qui du bout de leurs doigts racontaient le monde, l’histoire, les batailles et les vicissitudes de la vie, dessinaient en swipant de gauche à droite.

Les écrans font barrage, font murs, séparations et limitations, protègent et proposent une représentation du réel en créant deux surfaces : celle du regard de celui qui se pose sur l’image et celle de l’émetteur de l’image, de l’auteur… Entre les deux se trouve l’image. L’écran a donc une fonction. L’écran n’est pas à bannir mais à questionner comme tout autre manifestation d’un symptôme qu’il convient d’écouter et de traiter. Les angoisses et les peurs trouvent en ces écrans un remède souvent fragile, mais à minima, une fonction.

Le thérapeute traite en premier lieu l’origine de l’angoisse car il sait que pour le sujet, lui interdire le moyen jusqu’alors trouvé, cet écran, n’ai pas possible sauf à ce qu’il le remplace de lui même par une autre méthode, souvent plus efficace et pérenne.

La thérapie écranique est un sujet spécifique qui occupe une grande part de mes travaux depuis plus de 20 ans. C’est aussi le sujet de certains de mes ouvrages.