« L’orientation » du psy ?

La psychologie clinique telle qu’elle fut édictée par les psychologues à l’origine de cette discipline universitaire,  Daniel Lagache ou Juliette Favez-Boutonier,  comporte aujourd’hui de nombreuses orientations, techniques et formations. L’orientation du psychologue est primordiale afin de comprendre la manière dont la personne en souffrance sera prise en charge, écoutée, puis traitée.

Son orientation permet de connaître le domaine dans lequel il est  particulièrement compétent mais aussi la position qu’il va occuper dans le cadre thérapeutique, et cette orientation se doit d’être clairement perçue par le patient. Certaines approches sont tout bonnement incompatibles tant elles engagent le psychologue sur des routes opposées.

Si la psychanalyse demeure la voie la plus efficace dans la recherche et l’écoute étiologique des souffrances (c’est à dire la compréhension de l’origine des choses), il est tout à fait possible d’en passer par les outils de la guidance ou dans certains cas, des tests psychotechniques, surtout au début d’une prise en charge. En revanche, il  semble inconcevable pour un psychologue, de se passer de l’apport de la psychanalyse qui éclaire toute l’histoire de la psychopathologie et de la psychiatrie actuelle tant en termes de concepts, de représentations de l’appareil psychique et de ses conflits, qu’en termes d’approches thérapeuthiques. Si les psychiatres ne sont plus formés à la psychanalyse depuis les années 80′ en école de médecine, il n’ont jamais été formés à la psychologie clinique, formation spécialisée et réservée aux psychologues.

Chaque approche thérapeutique fait l’objet d’une formation spécifique. Afin de faire feu de tout bois, certains psychologues ou médecins peuvent prétendre cumuler toutes les approches, les TCC, la psychanalyse, la Psychologie « positive », l’EMDR, la PNL, ou toute autre activité créative… Ils se voient parfois proposer un panel de prestations en fonction de la demande du patient lui-même, voire du médecin qui adresse le patient.

Pour autant, deux typologies de praticiens peuvent être distinguées : ceux qui s’intéressent à la disparition du symptôme en faisant fi de son étiologie (au risque de voir ce symptôme se déplacer ailleurs), et ceux qui s’intéressent à l’étiologie du symptôme pour en faire disparaître la manifestation. Autrement dit, le premier pense que la souffrance provient du symptôme (l’angoisse, la dépression, les tocs, la timidité, l’anorexie..) le second que cette manifestation (ce symptôme) est l’expression d’un véritable conflit auquel la personne ne peut avoir accès ou qu’elle ne comprend pas. Or, si on ne s’intéresse qu’aux manifestations voire à la plainte apparente, et au prix de quelques effets indésirables, il est tout à fait possible de faire disparaître n’importe quel symptôme, non-seulement grâce à la chimiothérapie, à la contrainte, mais aussi à d’autres substances…

Il s’agit donc là de deux positions diamétralement opposées : s’intéresser aux symptômes ou s’intéresser à la personne.

L’incidence actuelle des réseaux, qui profite par essence plus aux séducteurs et aux magiciens qu’aux praticiens, pousse parfois certains psychologues à proposer différentes orientations à la fois afin de séduire un public toujours plus large et le plus souvent désorienté.