Qu’est-ce qu’une parentalité toxique ?

Le divan est souvent la place d’un questionnement sur le normal et le pathologique.

Les modalités éducatives et l’environnement familial demeurent souvent secrets. Les parents maltraitants ne ressemblent qu’assez rarement aux carricatures et ils échappent le plus souvent au regard des services sociaux ou même à celui des autres membres plus éloignés de la famille, mais les drames les plus violents sont le plus souvent systémiques et transgénérationnels, tus et refoulés sur plusieurs générations.

L’amour est parfois une des modalités de cette toxicité destructrice qui peut se jouer dans une ambivalence destructrice. Celui ou celle qui s’interroge sur la nature du lien qui le lie à un autre, sera dès lors confronté à cette toxicité. Cela peut survenir lors d’une situation traumatique vécu dans le réel d’une actualité, mais aussi lors du constat d’une incapacité à procréer ou à se projeter dans une position maternelle ou paternelle. Il peut aussi s’agir d’une instabilité professionnelle ou d’une incapacité à dépasser un certain cap de l’existence, sans que cela semble être en rapport avec ces premiers liens d’amour.

Il est alors nécessaire de déconstruire les éléments ambivalents de ce qu’on appelle parfois l’amour maternel ou l’amour paternel, d’en comprendre l’articulation et les écueils. La folie parentale n’a jamais été un obstacle à la procréation.

Dois-je prendre des Antidépresseurs ?

Les consignes de la Haute Autorité de Santé sont claires : les antidépresseurs ne peuvent être administrés sans un suivi thérapeutique.

Pourtant, les médecins n’alertent pas véritablement sur les dangers de ces molécules qui peuvent affecter les fonctions cognitives ainsi que le système nerveux central. Le ralentissement psychomoteur peut avoir des conséquences très inattendues sur certains patients qui sont justement dans une recherche de remise en lien social et affectif.

On oublie très souvent que la dépression est souvent un moment passager qui peut s’imposer à juste titre lors d’un bouleversement ou d’un changement de vie. Ce ralentissement, qui peut s’avérer pénible, doit être accompagné à court ou moyen terme mais ne doit pas s’instaurer dans une ritualisation de la prise de médicament sans une véritable étude et un travail personnel visant à libérer la personne de la dépendance médicamenteuse quand c’est possible.

Si la prise de médicaments peut dans certains cas soulager la souffrance, elle ne peut être envisagée sans une prise en charge ni un questionnement profond sur la fonction ou la survenance de ces troubles dépressifs.

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Douance, HP, Haut Potentiel, et puis ?

Les demandes de prises en charge d’enfants ou d’adultes réservent parfois de véritables surprises, surtout dans des situations d’échecs scolaires ou dans le cadre de « Bilans de compétences ». L’échec, le sentiment d’être dans une impasse, en décalage, sont parfois les manifestations particulières de capacités supérieures ou de compétences non-diagnostiquées. Mais ces capacités sont-elles pour autant la garantie d’un épanouissement personnel ? La réussite à des tests ou une apparente aisance cognitive voire sociale, sont-elles les gages d’un équilibre psychologique ?  Peut-on être surdoué, en souffrance et en échec ?

Le paradoxe des personnes en « douance », « surdouance », ou à haut potentiel, est qu’ils passent souvent à travers les mailles du filet d’une société et d’un système qui est non seulement normatif, mais qui de plus, accorde de moins en moins de place aux intelligences spécifiques. Il existe de nombreuses manières d’aborder l’intelligence et sa définition varie avec le temps et les modes d’évaluation. Le QI n’est qu’une façon d’aborder les capacités intellectuelles. Comme les tests récents régulièrement mis à jour, il s’agit d’une évaluation statistique et souvent morcelée des mécanismes de la pensée. Le cerveau est multiple, il existe de nombreuses formes d’intelligence et contrairement à une idée reçue, une apparente facilité cognitive, ou une mémoire prodigieuse, peuvent révéler un véritable handicap (comme chez certains autistes) et inversement, une apparente inadaptation, sociale ou scolaire, peut cacher des talents extraordinaires.

Si le QI et les tests psychométriques permettent à de nombreux psychologues d’évaluer cette forme de développement sur une échelle dont les fondements sont statistiques ou mathématiques, ils ne permettent en rien de comprendre la condition que traverse une personne HP.

En effet, la dimension sociale et scolaire de ces situations accorde à ces personnes des capacités supérieures à la moyenne qui renvoient une place hiérarchique élevée, un rang valorisé et une facilité d’accès à une situation socialement respectée. Or, c’est passer à côté de la dimension psychopathologique et surtout de la spécificité de la souffrance éprouvée par les personnes à haut potentiel. Il est indispensable de considérer les tests comme un des éléments constitutifs d’une prise en charge globale de la personne. Si les tests permettent parfois de mettre des mots sur la qualification de la souffrance, ils ne permettent pas d’établir une étiologie de la situation, ni de préconiser une thérapie. De fait, beaucoup de personnes, y compris des psychologues, pensent que la réalisation de tests psychométriques est une aide au diagnostic. C’est en effet le cas, mais ils ne peuvent se substituer au travail thérapeutique qui requiert une approche inverse de compréhension et d’écoute de la personne et une maîtrise de la spécificité  psycho-thérapeutique du profil HP. Sans cette prise en charge spécifique et indissociable, l’annonce de cette douance peut entraver la tentative thérapeutique.

Ainsi, la situation psychologique que traverse une personne à haut potentiel peut-elle au contraire se refermer sur ce simple constat, cette identité, en obstruant totalement toute dimension globale de l’équilibre psychoaffectif. Le sentiment de décalage, d’apesanteur, une impossibilité à vivre le moment sans faire appel à la pensée… Toutes ces situations nécessitent une importante énergie au quotidien de la part des HP dans le but d’entraver l’accès à la souffrance elle-même, surtout durant les premières années de vie. La douance s’accompagne souvent de troubles compulsifs, de « moulinage » des pensées et de troubles obsessionnels compulsifs (TOC)…
Il est commun de ne pouvoir diagnostiquer les enfants HP que très tard dans leur parcours car l’idée d’admettre une souffrance qui échappe, une difficulté, est en soi difficile. Pour ces enfants, le fait d’exprimer des difficultés que leur intelligence ne peut comprendre et gérer, est souvent vécu comme un échec. Le déni est alors la défense la plus commune, surtout à l’adolescence, et le jeune adulte refuse souvent tout recours psychothérapique, prétextant une bonne gestion de cette souffrance. Le diagnostic après des tests peut donc être contre-productif.

En tant que psychologues cliniciens, nous sommes bien sûr formés aux tests, psychométriques ou projectifs, le Rorschach, le TAT, le WISC le CAT… Ces tests, comme le WISC ou le WHAIS pour les adultes (Wechsler Adult Intelligence Scale), en portant une réponse à la question de la « différence », apaisent souvent dans le sens d’une reconnaissance de la spécificité de la souffrance du sujet, mais font eux-mêmes l’objet d’une « intégration » intellectuelle et cognitive de ces personnes qui justement, sont en mesure d’en comprendre la logique. Nous restons donc dans une situation balisée, contrôlée et pré-organisée ne favorisant pas l’alliance thérapeutique de soins nécessaire  à l’apaisement de la souffrance sur le long terme.

Il est commun de recevoir en cabinet des enfants ou de jeunes adultes dans un complet déni, refusant toute prise en charge malgré les indications médicales, familiales ou scolaires. Si à travers mon écoute de psychothérapeute, le diagnostic de cette souffrance peut être parfaitement établi, ils ne peuvent accéder à leur état et restent parfois focalisés sur ces tests surtout lorsqu’ils auront été (sur)valorisés par un représentant symbolique (enseignant, médecin traitant, psychiatre…). C’est une situation qui réclame une véritable compétence théorique et étiologique que de pouvoir débloquer la situation. Même si ces tests gardent leur intérêt, il existe des méthodes moins radicales de poser ce diagnostic de douance tout en maintenant, établissant et construisant un lien thérapeutique fort avec la personne.

Ainsi, cela peut paraître étonnant mais la réalisation de tests peut favoriser le repli et le refus d’une prise en charge par désinvestissement de toute possibilité thérapeutique. Il n’est pas rare d’observer des dépressions chroniques chez les personnes HP, ainsi qu’une dévalorisation personnelle voire un repli social et affectif, même si cette personne semble entourée. Les relations sont souvent unilatérales et on vient souvent questionner la personne HP dans une demande et une recherche « d’irradiation » de son haut potentiel. Le HP sait, connait, comprend et maîtrise le monde selon un même référentiel, c’est là la position harassante à laquelle il doit s’astreindre et qui s’impose à lui. On constate donc une impossibilité à se lier et à construire de profondes amitiés équilibrées, à la fois de soutien et de demande affective, avec l’entourage, même avec la famille proche. C’est un signal fort de cette souffrance qui provoque un isolement en un monde affectif intérieur et un rapport intellectualisé aux autres.

Enfin,  à l’issue de la réalisation des tests psychotechniques, si l’annonce d’un contexte de haut potentiel peut soulager, le diagnostic de son absence peut aussi avoir de lourdes conséquences chez le sujet ou les parents, qui parfois, se pensent dans une impasse.

En conclusion, si le diagnostic psychométrique peut être une étape, il faut impérativement comprendre le contexte psychopathologique de la personne HP afin de systématiquement proposer une prise en charge adaptée et mettre en place des outils thérapeutiques basés sur le diagnostic clinique, l’anamnèse, le discours, la structure, et surtout, la fonction de cette douance dans l’équilibre de la personne. En tout état de cause, s’autoriser à recevoir des soins, pour une personne HP, est dans un premier temps, vécu comme un aveu d’impuissance.

Le risque d’une mauvaise prise en charge psychologique est le recours à d’autres approches, d’autres méthodes d’apaisement, pharmaceutiques ou autres.

J’ai des difficultés dans mon couple

Contrairement à l’idée reçue, le couple n’est pas l’addition de deux personnes. Il est un autre lieu, celui des fantasmes et de l’idéal, celui des illusions et des émancipations, enfin, celui du mouvement. Tous ces éléments forment un objet indépendant dont l’équilibre dépend souvent des capacités d’adaptation et du désir qui persiste au fil du temps. Je parle donc ici du désir, et non de la sexualité. Mais alors qu’est-ce que le désir ?

La plupart des personnes qui viennent me consulter attendent de mon intervention une issue à leurs difficultés au sein du couple. En réalité, ce qui se joue là n’est pas la factualité, la réalité, le quotidien de ce qui est vécu, mais bien au contraire, ce qui échappe totalement à la connaissance de ce qui forme ce couple. C’est pour cette raison qu’ils ont besoin d’un tiers et d’une compétence spécifique très différente de celle que peut prodiguer un médecin ou un coach.

Les difficultés au sein du couple ne peuvent se résumer à une somme de plaintes ou de récriminations pointant les convergences ou les divergences de points de vue ou de comportement. Les turbulences qui bousculent le couple qui semblait jusqu’alors fonctionner, ou parfaitement dysfonctionner, proviennent souvent d’une prise de conscience progressive, souvent d’une émancipation d’un membre ou des deux, d’un événement qui fera évoluer la situation, parfois à la suite d’un travail personnel chez un psychologue ou un psychanalyste.

En dépit de ce qu’on affirme être les raisons de ce choix, ce qui fait que nous choisissons un partenaire nous échappe et reste inconscient, toujours et heureusement, car elles révèlent un manque, un conflit, un besoin, qui justement, pourraient se rejouer, se retrouver ou se réparer dans le couple à travers ce puissant désir de modifier son propre destin dans la rencontre.

Pour les psychanalystes, le Désir n’est donc pas une manifestation (comme dans la sexualité), mais bien ce qui la motive, qui nous échappe, qui peut donc prendre de nombreuses formes.

Se formuler ces raisons est impossible car c’est justement ce mystère qui fonde la solidité du couple en dehors de toute dimension morale. S’il était possible de formuler ces raisons, il suffirait de remplir des fiches et de rechercher une correspondance avec une personne, or c’est ce que tentent de nous vendre les sites de rencontre, qui en tout état de cause, confondent les êtres humains que nous sommes, avec des machines mathématiques et rationnelles. Dans le cas des rencontres internet, c’est toujours la dimension qui échappe qui fonde la véritable rencontre, même lorsque deux partenaires se ressemblent à l’évidence.

C’est pour cette raison que le fonctionnement du couple relève de l’intimité des conflits intérieurs et nécessite une compétence très éloignée du jugement social, culturel ou moral de l’époque. C’est à travers ce travail avec le psychologue clinicien que la thérapie de couple permet de dénouer les impasses, et les dépasser. C’est aussi pour cette raison que ces conflits qui font souffrir le couple ne sont pas souvent accessibles aux sujets qui viennent me consulter. « Je suis avec cette femme car elle ressemble à ma mère, elle est de ma culture et de mon rang, mais en conséquence je n’éprouve pas de désir sexuel pour elle... », « je suis avec cet homme pour lequel j’éprouve une grande attirance car il me maltraite et me dénigre comme dans un modèle que je connais déjà…« , « ce compagnon me permet enfin de m’extraire de mon héritage familial…« , « …je reste avec ce partenaire car je ne peux m’avouer qu’il ne sera jamais disponible (car il est déjà marié, par exemple…), et de fait, je préfère m’en plaindre plutôt que de m’avouer que  je suis incapable de m’engager avec un homme qui serait libre…« .

Car former un couple c’est aussi pouvoir renoncer à une position pour en choisir une autre, passer de celle de « fille de sa mère », à celle de « mère de sa fille », et pour le garçon, de la position de fils, à celui de père (et prendre donc sa place)…

Le couple est donc l’apprentissage de la perte, du changement, de l’autonomie puis de la re-construction possible à travers un lien qui n’est plus filial mais choisi et donc, responsable.

Le parcours familial, personnel,  la transmission et plus encore, la dimension transgénérationnelle sont  donc au cœur de ce travail chez le psychologue, qui permet de modifier le cours de l’histoire individuelle comme celle de cette entité que l’on nomme « le couple ».

Je suis déprimé(e)

Etre déprimé n’est pas un état simple à définir. Cela peut prendre de nombreuses formes et se manifester à travers de nombreux symptômes : l’état de fatigue général, le rapport au sommeil, au réveil, mais il peut aussi s’agir d’une fatigue chronique qui empêche d’agir, de prendre des décisions, une pesanteur, une envie constante de se coucher parfois même sans pouvoir dormir. Enfin, la dépression peut aussi se manifester à travers l’exact opposé, une grande excitation défensive qui cache une incapacité à faire face à cet état. La dépression peut prendre de nombreuses formes.

La première consultation est primordiale lors du passage chez le psychologue. Elle me permet de comprendre l’état psychique de la personne qui aura le courage de se confronter à cet état parfois extrêmement handicapant. Le recours aux antidépresseurs ou aux anxiolytiques que peuvent prescrire les médecins ou les psychiatres ne répond pas à la véritable origine de cet état, ils ne font que masquer artificiellement les raisons profondes de ce passage pénible qui paralyse le corps et l’esprit. Même si la raison de cet état semble évidente, une rupture, un échec, un deuil… le psychologue clinicien est présent afin de soutenir et de dénouer ce qui se joue et permet d’apprendre à gérer ce passage, à en construire un discours, à ne pas refouler ce moment, de peur qu’il ne se manifeste ailleurs, dans le corps parfois ou à un autre moment  de la vie de façon plus violente et plus handicapante encore. De même, le recours au coaching ou aux techniques de motivation peut avoir des effets ravageurs sur l’état psychologique de la personne en dépression.

C’est chez le psychologue que les choses se déplient car il existe bien de véritables raisons à la dépression, on peut même dire que, bien que pénible, la dépression est un moment important de la vie, surtout lorsqu’elle n’est pas chronique. En effet, cet état atteste d’un déséquilibre souvent d’origine affectif, mais pas seulement; Il témoigne d’un mouvement, d’un changement et souvent d’une évolution de la personne.

Etre déprimé est donc paradoxalement, un signe de bonne santé. Il n’est pas rare de constater qu’à l’inverse, la réussite à un examen, l’obtention d’un poste, un mariage ou la naissance d’un enfant, provoquent ainsi de puissants mouvements de repli à caractère dépressif.

Enfin, la dépression provoque une immobilité qui parfois, protège et permet de prévenir l’acte.

Une fois de plus, il convient de se faire aider afin de traverser ces moments de façon constructive et de rouvrir des portes que l’on pensait closes.

Relations numériques

Publié aux éditions Deboeck Supérieur 2018  » Des mondes numériques au passage à l’acte «   est un ouvrage à destination des universitaires et des chercheurs mais aussi de toute personne souhaitant comprendre le rôle du numérique dans les mécanismes psychologiques, en particulier chez les enfants et les jeunes adultes.

Les objets numériques sont de formidables outils à communiquer, à jouer, à créer, à rêver. Ils occupent notre espace professionnel, personnel, sentimental, jusqu’à s’immiscer dans l’intimité la plus secrète de nos vies.

Existe-t-il une dépendance et peut-on parler d’addiction ? Comment déceler chez les jeunes enfants ou les adultes, un trop grand investissement de ces objets, jusqu’à provoquer une altération de la perception du réel ? Comment ces outils peuvent-ils déclencher un acte auto ou hétéro-agressif, voire dans certains cas, un crime ?

À travers de nombreuses vignettes cliniques, une approche illustrée et pratique, cet ouvrage parcourt les concepts de la psychologie clinique et fournit de nombreuses explications, pistes étiologiques et solutions permettant de se situer dans le continuum entre normal et pathologique. Au cœur de cet ouvrage se pose la question du rapport aux autres et au monde, la manière dont nous percevons notre environnement et la place que peuvent prendre ces objets numériques dans cet environnement.
De Platon à Freud ou de Nicéphore Niépce à Mark Zuckerberg, un même fil conducteur, celui d’une interrogation sur la représentation du monde. Cette question sur notre perception, nos sens, notre capacité à circonscrire notre environnement en un tout que l’on qualifie de réel, mais qui toujours échappe. Penser un instant que les outils technologiques pourraient permettre de toujours mieux appréhender le réel, de le rendre plus présent, plus palpable ou observable, est une hérésie. Mais en tentant de les substituer à notre expérience du réel, nous ouvrons une porte entre deux mondes que certains franchirons. Dans quelles circonstances ? C’est à cette question que cet ouvrage tente de répondre, appuyé sur une clinique riche et contemporaine.

Cet ouvrage s’oppose donc radicalement au discours alarmiste de certains avis quant aux prétendues addictions et troubles liés à l’usage abusif de ces technologies. Il ne s’agit pas non plus d’un ouvrage de consignes à destination des autorités, fussent-elles parentales. Il ne peut d’ailleurs en être question dès lors qu’on s’intéresse à la richesse de l’articulation de ces usages et surtout au rôle parfois anaclitique de ces objets numériques, qui permettent au sujet, enfant, adolescent, adulte, d’étayer un psychisme en quête de suppléance. Bien au contraire, il s’agit là d’une étude étiologique de ces usages, une analyse de leur indéniable richesse thérapeutique, mais aussi des mécanismes pouvant  conduire à une perte de repères, voire au passage à l’acte. De fait, le rapport individuel au numérique révèle les efforts et les carences, les tentatives courageuses plus ou moins réussies de maintien d’une homéostasie, un équilibre psychique là où règne parfois le chaos.

En tout état de cause, ces outils numériques constituent une articulation spécifique au réel, touchant non seulement à la confrontation du principe de plaisir au principe de réalité, mais aussi, à la représentation du corps, au rapport au monde et à sa scène, ainsi qu’à la structure même du sujet.
L’usage de ce que les industriels nomment réalité virtuelle, réalité augmentée, réalité immersive, interface homme-machine… constitue un corpus particulièrement riche pouvant éclairer la clinique.
Il s’agit donc d’en comprendre les arcanes phénoménologiques, sémiologiques et sémantiques et d’en extraire les éléments d’une psychopathologie adaptée.