Les mots derrière le masque

Conditions de reprise des consultations en présentiel

Il est difficile de penser, de se projeter dans l’après pandémie. Mais comme toute situation exceptionnelle, les moments de confinement auront convoqué chez chacun les ressources nécessaires pour tenir psychiquement face à ces contraintes.

Comme toute situation traumatique, l’évènement fait obstacle, le monde d’après est fait d’incertitudes et de questionnements, de choix parfois difficiles : professionnels, personnels, relationnels… Le choix est toujours un renoncement mêlé d’abandon, il peut se révéler être un moment d’angoisse mais peut également être l’occasion d’une aventure intérieure, d’une véritable sensation de liberté et d’un changement de position.

Pour que ce mouvement s’instaure ou se poursuive chez ceux qui étaient déjà en thérapie chez le psychologue, il est important de ne pas interrompre le travail et au contraire, de s’appuyer sur ces évènements pour enfin “dé-confiner” la parole.

Être social, l’humain se construit dans le rapport à l’autre. Après plusieurs longues semaines de confrontation au quotidien, soit dans la complète solitude physique et corporelle, soit dans la promiscuité de conjoints, d’enfants, mais aussi de parents (pour les jeunes enfants), la dimension du réel semble s’imposer comme un obstacle. Le rêve et le fantasme peinent à se nourrir de la diversité qu’offre habituellement la vie sociale faite de contacts, de relations, et de la circulation dans des espaces différenciés (culture, amis, voyages etc.,)

Même si le corps et le geste accompagnent l’intention et le rapport social, le langage se joue du masque. A partir de maintenant, nous devrons porter davantage d’attention à la parole, au regard. Le psychologue offre enfin un espace de parole intime, apaisé, confidentiel et relationnel, confisqué durant ces mois d’immobilité ou de moindre activité. Cette période fut et sera paradoxale car isolée mais sous le bombardement assourdissant d’une suractivité médiatique mêlée d’injonctions contradictoires et de culpabilité.

De façon plus générale, la thérapie chez le psychologue vient dé-confiner le patient, l’aider à sortir de l’enfermement intérieur de l’angoisse, de ses répétitions, lui insuffler un mouvement vers de nouvelles perspectives. Pour les enfants, les adolescents comme pour les adultes, la période de la COVID doit donc s’accompagner d’un étayage, d’un suivi thérapeutique libérateur afin que ces événements et leurs éprouvés se mettent en mots et ne se manifestent plus au travers d’une souffrance faisant obstacle à la suite de la vie.

L’enfant est certainement le plus vulnérable mais il fait face. Il est soudainement convoqué à une place responsable, au cœur d’enjeux économiques et sociaux dont il ignore la systémie. L’insouciance et la plainte lui sont confisqués et il se voit violemment confronté à un monde adulte exigeant de taire l’angoisse. L’enfant est le réceptacle silencieux des peurs adultes et certains parents ne l’épargnent pas en lui faisant partager leur réalité, abandonnant leur position de ‘barrière’ de protection. Ce faisant, les enfants refoulent l’insouciance au plus profond d’eux. Le psychologue doit être à l’écoute de cette enfance confisquée et favoriser une parole loin de toute “consigne” sanitaire ou comportementale.

Le psychologue clinicien est un professionnel de santé inscrit au registre Adeli de l’ARS

La prise en charge des enfants :

  • Les jouets sont désinfectés après chaque séance et dans la mesure du possible, il est recommandé de demander aux enfants de venir avec leur propre masque.

D’autre part, pour ceux qui le désirent, la prise en charge par Skype se poursuit.

Dois-je prendre des Antidépresseurs ?

Les consignes de la Haute Autorité de Santé sont claires : les antidépresseurs ne peuvent être administrés sans un suivi thérapeutique.

Pourtant, les médecins n’alertent pas véritablement sur les dangers de ces molécules qui peuvent affecter les fonctions cognitives ainsi que le système nerveux central. Le ralentissement psychomoteur peut avoir des conséquences très inattendues sur certains patients qui sont justement dans une recherche de remise en lien social et affectif.

On oublie très souvent que la dépression est souvent un moment passager qui peut s’imposer à juste titre lors d’un bouleversement ou d’un changement de vie. Ce ralentissement, qui peut s’avérer pénible, doit être accompagné à court ou moyen terme mais ne doit pas s’instaurer dans une ritualisation de la prise de médicament sans une véritable étude et un travail personnel visant à libérer la personne de la dépendance médicamenteuse quand c’est possible.

Si la prise de médicaments peut dans certains cas soulager la souffrance, elle ne peut être envisagée sans une prise en charge ni un questionnement profond sur la fonction ou la survenance de ces troubles dépressifs.

à lire sur Les anti-dépresseurs

à lire sur l’HAS

Psychologue Séances par INTERNET

SI VOUS N’AVEZ JAMAIS RENCONTRE LE PSYCHOLOGUE

La prise de rendez-vous se fait par téléphone au 01 86 95 35 73.
Un premier entretien en présentiel est préconisé.
Vous pouvez aussi contacter le cabinet et remplir la fiche de premier contact en cliquant ici

MODALITÉS de la séance par SKYPE

  • Vous devez disposer d’un compte SKYPE  (téléphone ou ordinateur) que vous pouvez ouvrir en téléchargeant gratuitement l’application sur le site de Microsoft.
  • Vous devez disposer d’un téléphone portable ou de préférence d’un ordinateur avec WEBCAM.
  • Ajoutez le contact « contact1@alexisrimbaud.com » dans SKYPE puis Envoyez à ce contact par SKYPE un message contenant vos Nom et Prénom (afin que le psychologue vous identifie).
  • IMPORTANT : privilégiez le casque/écouteur (filaire ou non), connecté à votre ordinateur / téléphone
  • Dans la mesure du possible, accordez-vous 2 ou 3 minutes d’isolement avant la séance
  • Pour le règlement,  un lien PAYPAL vous sera envoyé par SMS ou Mail.

Webcam setup example

Isolez-vous. Placez-vous à environ 1,50 de la caméra, face à une source de lumière.
La WEBcaméra elle, ne doit PAS être face à la lumière, ne placez pas de source de lumière derrière vous (ni de lampe, ni de fenêtre…).

IMPORTANT : Utilisez  un casque / oreillette / micro.
Vous pouvez être assis à un bureau, mais essayez de privilégier une position et une situation
équivalente à celle de votre séance habituelle, sur un siège confortable.

Envoyez bien vos nom et prénom avant la séance.

Le psychologue va vous contacter par SKYPE à l’heure prévue.

Hypnose : Escroquerie ou thérapie ?

L’hypnose n’est pas  une pratique nouvelle, elle est décrite dans l’antiquité comme dans la culture hindoue, indissociable de certains yogas ou de la transe dans de nombreuses pratiques chamaniques et africaines. Les magiciens de foire et certains médecins utilisent ces techniques qui consistent à solliciter la modification du comportement ainsi que la production d’endorphines inhérentes à l’état de relaxation. Mais en quoi ces pratiques sont-elles des thérapies ? Quels en sont les principes et les mécanismes ? Cette pratique est-elle encadrée par une législation, une formation ou un titre officiel ? 

Jusqu’à Freud qui assista aux expériences du neurologue Jean-Martin Charcot sur l’hystérie, elle permettait non sans un certain crédit, de faire tomber certaines défenses et de plonger des personnes en état de léthargie, ouvertes à la suggestion et à l’exécution d’ordres verbaux ou gestuels. Le neurologue Freud s’émancipa rapidement des pratiques hypnotiques. 

Si ces techniques s’attaquent aux symptômes tels qu’ils sont décrits par le patient à travers sa plainte ou sa demande, elles ne sont en rien des thérapies et le terme hypno-thérapeute joue sur une ambiguïté, celle du titre de psychothérapeute, qui est lui, encadré par texte législatif, celui de l’article 52 de la loi n° 2004-806 du 9 août 2004 modifiée relative à la politique de santé publique.

Principes

Pour autant, l’hypnose est un phénomène bien réel et, même si les mécanismes précis en sont encore méconnus, il faut distinguer deux types d’hypnose : celle qui provoque une perte de connaissance et une absence de conscience du sujet, et celle qui permet la relaxation, la parole et l’écoute dans un état de calme favorisé par une oxygénation et un ralentissement du rythme cardiaque. Dans les deux cas, il se passe quelque-chose au niveau de la capacité d’action. Mais, plutôt que de chercher du côté des ‘effets’, intéressons-nous à la typologie du lien qui s’établit entre l’hypnothérapeute et le sujet.Hypnose : Escroquerie ou thérapie ?

Sous l’influence de Freud, la psychanalyse aura très rapidement posé la question de la typologie de cette relation, entre thérapeute et patient. Elle est ainsi décrite comme génératrice d’un rapport de dépendance, position infantile, accordant à celui qui est en charge et qui se présente comme médecin, ou dépendance à la substance (homéopathique), un pouvoir que le patient confie à un « encadrant », un « soutenant » (cf. holding / handling de Winnicott). Sans entrer dans les détails ici, dans certains cas il s’agit de ce que l’on nomme transfert, dans d’autres, projection…

Ce mécanisme qui relie ces deux protagonistes permet, selon les structures et les modes de défense des patients, d’agir sur les comportements et non sur sa valeur symptomatologique. Là où l’hypnose ne s’intéresse qu’à l’abrasion du symptôme, le psychologue s’intéresse à son étiologie, c’est-à-dire à sa raison d’être. Il vient user de la compétence clinicienne pour dénouer la motivation comportementale (les troubles comportementaux étant ceux qui motivent le plus souvent la demande de résolution par l’hypnose). Pour faire court, la psychologie clinique comme la psychanalyse questionnent le symptôme afin de libérer le patient du conflit qui en constitue la raison d’être, la fonction. Là où l’hypnose tente de faire disparaitre le symptôme, avec plus ou moins de succès, le psychologue tente de s’intéresser à la personne, au sujet. 

Formation

Même s’il existe certains enseignements officiels, aucune formation de ce type ne peut se prévaloir d’un diplôme d’Etat. Ces formations de quelques mois sont proposées par des écoles privées, souvent rattachées à des groupes industriels (très actifs et particulièrement prosélytes), mais toujours à grand renfort de communications bien rodées sur les réseaux sociaux et les sites internet. La formation seule des hypnotiseurs n’inclut aucune formation sérieuse à la biologie, ni à la génétique, ni à la neurologie et ne nécessite aucune connaissance ni universitaire, ni même scolaire. Ces pratiques n’impliquent aucunement une connaissance de la nosographie (vocabulaire clinique) médicale ou psychologique, ce qui de fait, interdit toute relation ou inscription dans le parcours de santé. En revanche, certains médecins sachant le peu de risque d’entrave à leur propre pratique, se font parfois aider par des hypnotiseurs, plutôt que par des psychologues diplômés.

Ces pratiques ne sont pas encadrées par un ordre ou une législation. Les personnes pratiquant l’hypnose peuvent en outre être diplômées d’un titre de médecin ou de psychologue mais rien ne les y oblige. Tout le monde peut s’offrir ces formations qui permettent au tout venant de se passer d’études, de connaissances et des validations nécessaires aux titres de psychothérapeute, de psychologue clinicien ou de médecin. J’ai moi-même croisé de nombreuses personnes, hommes ou femmes en complète rupture économique, sociale et scolaire, souffrant de graves troubles psychiques, arborant fièrement ce titre d’hypnothérapeute…

Il est courant d’entendre un discours marchand très vendeur autour de ces pratiques, qui vante toujours « le bien, le bon, le bonheur » du patient, la disparition rapide, ou ultra rapide (en quelques séances) du symptôme. Ce discours très bien marketé répond à une accusation de la psychanalyse ou des prises en charge longitudinales médicales qui permettent d’apprécier la valeur du traitement sur une longue période et en contexte. Cette accusation n’a pas plus de sens que celle qui consisterait à remettre en question le nombre de séances de chimiothérapie ou de rééducation…

Efficacité

L’hypnose est-elle efficace ? Dans certains cas et pour certains patients, il convient de répondre oui… mais la question à poser est : à quel coût  ? Comment le sujet va-t-il exprimer son conflit ensuite ? Durant des siècles, le marabout soignait certains maux de la psyché, comme le chamane aux connaissances holistiques ou parfois le médecin, encore aujourd’hui. Dans de nombreux cas, la disparition d’un symptôme, voire d’une addiction, ne fait que transformer le symptôme, le déplacer. Il est tout à fait possible à tout béotien d’effectuer l’ablation d’un rein (cela c’est vu en situation de crise ou d’urgence absolue), mais comment reconnaître les néphrons, les dysfonctionnements hémodynamiques, et comment agir en cas d’hémorragie ?

Si la question de la fonction du symptôme n’est pas posée, le conflit, le mal-être, pourra resurgir sous d’autres formes. En matière de souffrance psychique, c’est nier ce qui fait la spécificité d’un sujet, d’une personne, que de ne s’intéresser qu’à son symptôme, et souvent à sa demande apparente. C’est en cela que la psychologie clinique d’orientation psychanalytique est à contre-courant d’un système marchand et à contre-courant de notre époque tout court. La popularité de l’hypnose, comme d’ailleurs celle des techniques comportementales, vient en écho d’un monde de la consommation plus que celui du soin. La médecine du psychisme elle-même souffre de ses propres maux et les temps de prises en charge toujours plus réduits, les traitements encore plus expéditifs, sont à des années-lumière de la temporalité et de la compétence nécessaires à la disparition de la souffrance.

La connaissance du phénomène induit par le rapport soignant / soigné n’est révélé qu’assez rarement. Seule la psychanalyse entrouvre cette porte dans l’étude du transfert, du contre-transfert ou du « désir du psychanalyste », pour le dire en termes plus lacaniens. Mais les temps changent, et à bas-bruit, et en particulier depuis la crise sanitaire, de nouvelles paroles se font entendre de la part des médecins eux-mêmes, qui réclament que de nouvelles formations soient réouvertes, comme elles le furent jusqu’aux années 80′. 

 

Déontologie

La formation des hypnothérapeutes s’adresse elle-même le plus souvent à des personnes en échec scolaire ou social qui tentent de contourner un cursus universitaire dont la dimension symbolique est souvent effrayante. La position de contrôle de l’Autre, que procure le praticien de l’hypnose vient souvent palier à une perte de maitrise de soi et de sa propre existence sociale, économique et le plus souvent identitaire.
Il est extrêmement paradoxal de parler d’une pratique déontologique qui consisterait à manipuler le patient, à lui faire perdre tout libre arbitre, dans un but thérapeutique. Pour ma part, je pense que la formation aux métiers de la santé est longue et « coûteuse » en terme de savoir et de position, mais elle forme à l’indépendance et à la confrontation aux pairs, à la connaissance et au savoir partagé en mouvement, tout en le questionnant dans une démarche épistémologique et pluridisciplinaire. Il me semble important de soigner plus que de répondre aux attentes ou à la plainte. Il en va de notre responsabilité. Autrement dit, la démarche symptomatique à elle seule ne suffit pas même si elle peut, dans certains cas, ouvrir vers un travail de fond plus thérapeutique.

 

à lire aussi : hypnose-gare-aux-arnaques

sur Doctissimo : hypnose

 

Le Psy et la déontologie

Le métier de psychologue implique le respect de nombreuses directives édictées par le code de déontologie du psychologue. Ce code qui protège le patient doit s’imposer quelle que soit l’orientation du psy, comportementaliste, psychanalytique ou autre. Ce code est aussi un guide du praticien soucieux de la nature du rapport transférentiel qui se révèle dès le premier entretien.

La formation avant tout

Article 1
« L’usage du titre de psychologue est défini par la loi n° 85-772 du 25 juillet 1985 publiée au J.O. du 26 juillet 1985. Sont psychologues les personnes qui remplissent les conditions de qualification requises dans cette loi. Toute forme d’usurpation du titre est passible de poursuites. »

Pour le résumer en quelques points importants, la déontologie du psychologue décrit la « bonne distance » qui doit s’imposer et spécifier la typologie du rapport thérapeutique. Le psychologue est un professionnel de santé diplômé d’État qui dans le cas des psychologues psychanalystes se double d’une connaissance des enjeux inconscients du rapport particulier de cette situation.

Cette connaissance clinique des troubles permet au praticien diplômé d’aborder la prise en charge sous les différents angles de sa formation : psychiatrique, sémiologique, psychologique, neurologique, social mais surtout transférentielle. Elle permet en outre de converser et d’échanger avec les différents autres acteurs du champs psychique.

Conséquences pratiques

Le praticien ne peut entretenir de rapports personnels avec un patient, sauf à sortir du cadre thérapeutique. Le psychologue travaille avec la parole. La trop grande proximité physique n’est pas possible. Un praticien ne peut donc prendre en thérapie un ami ou un proche. Il n’est pas possible d’entreprendre un travail thérapeutique avec un couple si l’un des deux patients est déjà en travail chez le même thérapeute…

« Le psychologue tient ses compétences de connaissances théoriques régulièrement mises à jour, d’une formation continue et d’une formation à discerner son implication personnelle dans la compréhension d’autrui. Chaque psychologue est garant de ses qualifications particulières et définit ses limites propres, compte tenu de sa formation et de son expérience. Il refuse toute intervention lorsqu’il sait ne pas avoir les compétences requises. » Cet article met l’accent sur les dérives qui émaillent souvent le discours psychologique, comme d’ailleurs le discours médical. Le professionnel de santé ne doit jamais être dans la toute puissance de sa méthode. Il doit toujours s’inscrire dans un parcours au sein d’autres praticiens certifiés. L’absence de formation diplômante certifiée n’est donc pas seulement le signe d’une absence de compétences mais surtout, l’indice d’une incapacité à s’inscrire dans un référentiel partageable par d’autres professionnels de santé à travers un socle commun de connaissances et un vocabulaire commun (une nosographie). La confidentialité absolue et le cloisonnement de ce qui se joue en thérapie ne signifient pas un isolement du thérapeute. «  Le psychologue peut éclairer sa décision en prenant conseil auprès de collègues expérimentés. » (Article 13)

Enfin, la publication d’articles et d’ouvrages, la rédaction d’un blog ou d’un site (comme celui-ci) permet de comprendre l’ « orientation » du psy.

Ses diplômes et titres doivent être consultables (un psychologue est toujours enregistré à l’ARS à travers un numéro ADELI).

 

Le Code de Déontologie des Psychologues (France)

Douance, HP, Haut Potentiel, et puis ?

Les demandes de prises en charge d’enfants ou d’adultes réservent parfois de véritables surprises, surtout dans des situations d’échecs scolaires ou dans le cadre de « Bilans de compétences ». L’échec, le sentiment d’être dans une impasse, en décalage, sont parfois les manifestations particulières de capacités supérieures ou de compétences non-diagnostiquées. Mais ces capacités sont-elles pour autant la garantie d’un épanouissement personnel ? La réussite à des tests ou une apparente aisance cognitive voire sociale, sont-elles les gages d’un équilibre psychologique ?  Peut-on être surdoué, en souffrance et en échec ?

Le paradoxe des personnes en « douance », « surdouance », ou à haut potentiel, est qu’ils passent souvent à travers les mailles du filet d’une société et d’un système qui est non seulement normatif, mais qui de plus, accorde de moins en moins de place aux intelligences spécifiques. Il existe de nombreuses manières d’aborder l’intelligence et sa définition varie avec le temps et les modes d’évaluation. Le QI n’est qu’une façon d’aborder les capacités intellectuelles. Comme les tests récents régulièrement mis à jour, il s’agit d’une évaluation statistique et souvent morcelée des mécanismes de la pensée. Le cerveau est multiple, il existe de nombreuses formes d’intelligence et contrairement à une idée reçue, une apparente facilité cognitive, ou une mémoire prodigieuse, peuvent révéler un véritable handicap (comme chez certains autistes) et inversement, une apparente inadaptation, sociale ou scolaire, peut cacher des talents extraordinaires.

Si le QI et les tests psychométriques permettent à de nombreux psychologues d’évaluer cette forme de développement sur une échelle dont les fondements sont statistiques ou mathématiques, ils ne permettent en rien de comprendre la condition que traverse une personne HP.

En effet, la dimension sociale et scolaire de ces situations accorde à ces personnes des capacités supérieures à la moyenne qui renvoient une place hiérarchique élevée, un rang valorisé et une facilité d’accès à une situation socialement respectée. Or, c’est passer à côté de la dimension psychopathologique et surtout de la spécificité de la souffrance éprouvée par les personnes à haut potentiel. Il est indispensable de considérer les tests comme un des éléments constitutifs d’une prise en charge globale de la personne. Si les tests permettent parfois de mettre des mots sur la qualification de la souffrance, ils ne permettent pas d’établir une étiologie de la situation, ni de préconiser une thérapie. De fait, beaucoup de personnes, y compris des psychologues, pensent que la réalisation de tests psychométriques est une aide au diagnostic. C’est en effet le cas, mais ils ne peuvent se substituer au travail thérapeutique qui requiert une approche inverse de compréhension et d’écoute de la personne et une maîtrise de la spécificité  psycho-thérapeutique du profil HP. Sans cette prise en charge spécifique et indissociable, l’annonce de cette douance peut entraver la tentative thérapeutique.

Ainsi, la situation psychologique que traverse une personne à haut potentiel peut-elle au contraire se refermer sur ce simple constat, cette identité, en obstruant totalement toute dimension globale de l’équilibre psychoaffectif. Le sentiment de décalage, d’apesanteur, une impossibilité à vivre le moment sans faire appel à la pensée… Toutes ces situations nécessitent une importante énergie au quotidien de la part des HP dans le but d’entraver l’accès à la souffrance elle-même, surtout durant les premières années de vie. La douance s’accompagne souvent de troubles compulsifs, de « moulinage » des pensées et de troubles obsessionnels compulsifs (TOC)…
Il est commun de ne pouvoir diagnostiquer les enfants HP que très tard dans leur parcours car l’idée d’admettre une souffrance qui échappe, une difficulté, est en soi difficile. Pour ces enfants, le fait d’exprimer des difficultés que leur intelligence ne peut comprendre et gérer, est souvent vécu comme un échec. Le déni est alors la défense la plus commune, surtout à l’adolescence, et le jeune adulte refuse souvent tout recours psychothérapique, prétextant une bonne gestion de cette souffrance. Le diagnostic après des tests peut donc être contre-productif.

En tant que psychologues cliniciens, nous sommes bien sûr formés aux tests, psychométriques ou projectifs, le Rorschach, le TAT, le WISC le CAT… Ces tests, comme le WISC ou le WHAIS pour les adultes (Wechsler Adult Intelligence Scale), en portant une réponse à la question de la « différence », apaisent souvent dans le sens d’une reconnaissance de la spécificité de la souffrance du sujet, mais font eux-mêmes l’objet d’une « intégration » intellectuelle et cognitive de ces personnes qui justement, sont en mesure d’en comprendre la logique. Nous restons donc dans une situation balisée, contrôlée et pré-organisée ne favorisant pas l’alliance thérapeutique de soins nécessaire  à l’apaisement de la souffrance sur le long terme.

Il est commun de recevoir en cabinet des enfants ou de jeunes adultes dans un complet déni, refusant toute prise en charge malgré les indications médicales, familiales ou scolaires. Si à travers mon écoute de psychothérapeute, le diagnostic de cette souffrance peut être parfaitement établi, ils ne peuvent accéder à leur état et restent parfois focalisés sur ces tests surtout lorsqu’ils auront été (sur)valorisés par un représentant symbolique (enseignant, médecin traitant, psychiatre…). C’est une situation qui réclame une véritable compétence théorique et étiologique que de pouvoir débloquer la situation. Même si ces tests gardent leur intérêt, il existe des méthodes moins radicales de poser ce diagnostic de douance tout en maintenant, établissant et construisant un lien thérapeutique fort avec la personne.

Ainsi, cela peut paraître étonnant mais la réalisation de tests peut favoriser le repli et le refus d’une prise en charge par désinvestissement de toute possibilité thérapeutique. Il n’est pas rare d’observer des dépressions chroniques chez les personnes HP, ainsi qu’une dévalorisation personnelle voire un repli social et affectif, même si cette personne semble entourée. Les relations sont souvent unilatérales et on vient souvent questionner la personne HP dans une demande et une recherche « d’irradiation » de son haut potentiel. Le HP sait, connait, comprend et maîtrise le monde selon un même référentiel, c’est là la position harassante à laquelle il doit s’astreindre et qui s’impose à lui. On constate donc une impossibilité à se lier et à construire de profondes amitiés équilibrées, à la fois de soutien et de demande affective, avec l’entourage, même avec la famille proche. C’est un signal fort de cette souffrance qui provoque un isolement en un monde affectif intérieur et un rapport intellectualisé aux autres.

Enfin,  à l’issue de la réalisation des tests psychotechniques, si l’annonce d’un contexte de haut potentiel peut soulager, le diagnostic de son absence peut aussi avoir de lourdes conséquences chez le sujet ou les parents, qui parfois, se pensent dans une impasse.

En conclusion, si le diagnostic psychométrique peut être une étape, il faut impérativement comprendre le contexte psychopathologique de la personne HP afin de systématiquement proposer une prise en charge adaptée et mettre en place des outils thérapeutiques basés sur le diagnostic clinique, l’anamnèse, le discours, la structure, et surtout, la fonction de cette douance dans l’équilibre de la personne. En tout état de cause, s’autoriser à recevoir des soins, pour une personne HP, est dans un premier temps, vécu comme un aveu d’impuissance.

Le risque d’une mauvaise prise en charge psychologique est le recours à d’autres approches, d’autres méthodes d’apaisement, pharmaceutiques ou autres.